Vin naturel, bio ou biodynamique : démêlons le vrai du vivant

1 mai 2025

Qu’est-ce qu’un vin bio ? La certification en ligne de mire

Quand on parle de vin biologique, il faut commencer par regarder le sol. C’est lui qui, dans la viticulture biologique, est au centre des préoccupations. Gros plan sur une certification qui, depuis les années 1990, s’est imposée comme un label de confiance pour les consommateurs.

Un cahier des charges exigeant

Le vin biologique est régi par des normes strictes établies au niveau européen (règlement CE n° 834/2007, pour les amateurs de législations). Première règle d’or : aucun pesticide de synthèse ni engrais chimique n’est autorisé dans les vignes. Le soufre et le cuivre, indispensables pour protéger les raisins contre les maladies comme l’oïdium ou le mildiou, peuvent être utilisés mais sont strictement encadrés pour limiter leur impact sur l’environnement.

En cave également, un certain nombre d’additifs et de procédés œnologiques sont interdits : pas de nanotechnologies, pas d’enzymes miracles, et une liste restreinte de produits autorisés pour accompagner le vin jusqu’à la bouteille. Néanmoins, des sulfites (ces conservateurs souvent décriés) peuvent être utilisés, bien que leurs doses maximales autorisées soient inférieures à celles des vins conventionnels.

Une reconnaissance étatique et ses logos

Les vins biologiques arborent généralement le logo européen de l’agriculture biologique (la petite feuille verte étoilée qu’on connaît bien), parfois accompagné du logo national AB. En 2021, environ 16 % du vignoble français était conduit en bio, un chiffre qui ne cesse de croître avec l’évolution des pratiques et la demande des consommateurs (Source : agence bio).

Plonger dans l’univers fascinant du vin biodynamique

Si le vin bio s’intéresse particulièrement à ce qu’on ne met pas dans la vigne et le chai, la biodynamie, elle, va plus loin. Elle ne se contente pas de supprimer : elle ajoute, elle restitue, elle stimule. Parent pauvre ou cousin ésotérique ? Cela dépend à qui vous posez la question. Mais pour celles et ceux qui la travaillent avec rigueur, la biodynamie est une poésie appliquée, une façon holistique d’élever le vivant.

Une philosophie globale

La biodynamie s’inspire des travaux de Rudolf Steiner, un philosophe autrichien du début du XXe siècle. L’idée fondamentale est que la vigne fait partie d’un écosystème global, et que pour que cet écosystème soit en bonne santé, il doit être harmonieux. Ici, le calendrier lunaire dicte parfois les travaux au vignoble, car le cycle des astres aurait une influence sur les plantes et les sols.

Outre les traitements bio (sans intrants de synthèse), on utilise des préparations spécifiques : des décoctions naturelles comme la silice ou des bouses de corne, élaborées pour enrichir les sols. Ces pratiques peuvent sembler mystérieuses, mais elles traduisent une approche où l’observation attentive de la nature se conjugue à des gestes précis et réfléchis.

Des labels pour se repérer

Pour qu’un vin puisse se revendiquer biodynamique, il doit être certifié par l’un des deux labels principaux : Demeter ou Biodyvin. Les critères sont encore plus restrictifs que pour le bio. Aujourd’hui, si la biodynamie reste minoritaire (représentant environ 5 % de la superficie viticole bio en France), elle séduit de plus en plus de viticulteurs attentifs à leur sol, et à leurs vins.

Et le vin naturel dans tout ça ? Le vivant sans cadre officiel

Le vin naturel, c’est un autre monde. Ou peut-être est-ce le monde d’avant, celui des vins produits comme autrefois, mais dans une version revisitée, affranchie des certitudes dogmatiques et musclée par une ouverture sur ce que la viticulture a de plus fondamental : la sincérité. Pourtant, ici, aucune certification officielle, juste un manifeste d’artisans qui ont décidé, contre vents et marées, de laisser s’exprimer le jus vivant.

Le vin naturel en quête de purisme

On entend souvent dire qu’un vin naturel, c’est avant tout un vin sans intrants. Cela signifie que ni levures industrielles (présentes dans bien des vinifications standards), ni sulfites ajoutés, ni techniques invasives comme la pasteurisation ou la filtration stérile ne s’invitent au chai. Ce qui sort de la cave, c’est une pure retranscription du raisin et de son terroir, avec toute la complexité, l’instabilité, parfois les défauts, mais surtout l’énergie qui caractérise ce type de vin.

Un vin naturel est presque toujours issu de raisins cultivés en bio ou en biodynamie (la moindre des choses serait que la matière première soit propre), mais tout se joue ensuite sur la manière de vinifier et d’élever.

Un collectif pour des valeurs partagées

En l’absence de législation officielle, certains collectifs comme les Vins S.A.I.N.S (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite) ou encore l’AVN (Association des Vins Naturels) tentent de structurer un peu la démarche pour servir de repère aux amateurs et aux professionnels. Cependant, la diversité des pratiques reste grande, et tout vin passé sous l’appellation « naturel » mérite qu’on prenne le temps de comprendre qui le fait et comment.

Quand ces trois modèles se croisent

Peut-on être à la fois bio, biodynamique et naturel ? Absolument, et cela arrive plus souvent qu’on l’imagine. Une partie des vignerons nature commence généralement par retrouver le sol et les gestes essentiels avec la viticulture biologique, explore ensuite la biodynamie comme une continuité, et pousse enfin jusqu’à l’épure totale en cave. C’est un cheminement, une lente conversion à la simplicité, mais une simplicité consciente et exigeante.

Pourtant, il n’y a pas de bon ou de mauvais camp : chaque démarche a sa place, et chacune correspond à des convictions, des terroirs et des clientèles variés. L’essentiel n’est pas tant de choisir une étiquette que de comprendre les engagements qui se cachent derrière chaque vin, et de goûter avec curiosité et humilité.

Un vin, trois visions : que boire et vers quoi tendre ?

Que vous soyez dans un bar à vins natures du centre-ville ou en pleine campagne devant un château en bio, la prochaine fois que vous dégusterez un verre, prêtez attention à son histoire. Vin biologique, biodynamique ou naturel… Ce sont là des visions complémentaires, des dialogues entre l’humain et le vivant qui se croisent, s’enrichissent, parfois s’opposent.

Nous ? À La Roseraie des Vins Nature de Bordeaux, nous avons une faiblesse pour ces rouges libres et naturels qui nous rappellent que le vin est d’abord une émotion, un moment suspendu. Mais nous savons aussi les vertus des pratiques respectueuses et certifiées, qui permettent à la grande machine viticole de commencer à penser plus durablement. Bordeaux sait être toutes ces choses à la fois, et sous notre pergola, cet équilibre est célébré verre après verre.

Alors, et vous, quelle démarche vous touche le plus ?

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